À quel volume dois-je enregistrer ?
Publié le vendredi 1 mai 2020
Vous vous êtes certainement déjà retrouvé dans la situation suivante lorsque vous enregistrez chez vous avec, par exemple, une interface audio et un micro. Les indicateurs d’entrée de votre logiciel ne réagissent que faiblement, donc vous augmentez le gain. Puis, vous jouez ou chantez quelques sons forts et votre signal se sature (« clip ») immédiatement comme s’il était possédé par le diable. La question est donc de savoir à quel volume devez-vous enregistrer : fort ou faible ?
- Deux cas de figure
- Vous savez à l’avance à quel point un signal va être fort
- Vous ne savez pas à l’avance à quel point un signal va être fort
- Qu’en est-il du compresseur ?
- Mais mon enregistreur possède bien un compresseur ?
- Quel est le problème avec la distorsion ?
- Conclusion, utilisez toujours un peu moins de gain !
- Voir également
Deux cas de figure
En augmentant le gain d’un appareil d’enregistrement, vous obtenez un enregistrement plus fort. Mais si vous réglez le gain trop haut, le signal sera saturé. Comment êtes-vous censé gérer cette situation ? Il existe deux cas de figure :
- Vous savez à l’avance à quel point un signal va être fort.
- Ou vous ne le savez pas à l’avance.
Vous savez à l’avance à quel point un signal va être fort
Le premier cas de figure – si vous savez à quel point un signal va être fort, vous pouvez régler le gain de façon assez précise. Vous pouvez ainsi faire correspondre le signal à la plage dynamique de votre support d’enregistrement – en d’autres termes, aux limites de volume de votre interface audio, par exemple. Il n’y a cependant aucun problème à conserver une marge de -10 dB pour les enregistrements numériques, juste pour être sûr. Dans votre appareil ou logiciel d’enregistrement, des couleurs et des chiffres sont souvent utilisés pour indiquer où se situe la limite d’écrêtage, en anglais « clipping ». Au-delà de cette limite, le son ne sera plus comme il le devrait (nous y reviendrons plus tard). Cette limite est à zéro (-0 dB), et est généralement indiquée en rouge. Au-dessus de zéro signifie une saturation.
Vous ne savez pas à l’avance à quel point un signal va être fort
Le deuxième cas de figure – vous ne savez pas à quel point le signal sera fort. Il s’agira presque toujours de l’enregistrement d’un musicien jouant ou chantant en live. Vous pouvez alors faire deux choses :
- Parlez avec le musicien et laissez-le jouer ou chanter aussi fort que possible, puis ajustez votre gain en conséquence.
- S’il n’est pas possible de vous entretenir avec l’artiste, réglez le gain un peu plus bas de manière à ce que tout passage à un niveau élevé soit encore enregistré sans saturation.
Qu’en est-il du compresseur ?
En théorie, ça fonctionne, les pics de volume sont alors gardés sous contrôle. Cependant, il n’est pas recommandé d’utiliser la compression si vous voulez enregistrer à un volume plus élevé. Le célèbre « effet de pompage » est alors – aussi subtil soit-il – incrusté de votre enregistrement, et il sera difficile d’y remédier facilement et rapidement. La compression pendant l’enregistrement est possible, si vous savez ce que vous faites, et si vous avez beaucoup d’expérience. De plus, il ne s’agit pas de rendre l’enregistrement plus fort, mais juste de rendre le son plus volumineux. L’utilisation d’un compresseur est en fait une décision créative pendant le mixage, et non un moyen de supprimer les pics pendant l’enregistrement dans le but de rendre le signal global plus fort ! Y a-t-il un pic ? Inversez le gain, telle est la devise !
Mais mon enregistreur possède bien un compresseur ?
Pour en revenir à la compression, il existe des enregistreurs vocaux (et d’autres appareils d’enregistrement portables) qui intègrent cette fonction. Cette fonction est conçue pour que le volume d’un enregistrement vocal soit aussi constant que possible. Cette possibilité facilite la compréhension, ce qui est agréable si vous voulez taper une interview ou une réunion ou si vous réécoutez l’enregistrement dans un environnement bruyant, comme un train. Dans un tel contexte, il est bien sûr très utile d’appliquer une telle fonctionnalité. Mais si vous allez enregistrer en studio, alors vous n’en tirerez aucun avantage. Vous allez enlever beaucoup de dynamisme de vos enregistrements, ce qui est bien dommage.
Quel est le problème avec la distorsion ?
Avec la distorsion numérique, les sommets de votre signal sont aplatis. Une onde sinusoïdale devient alors une onde carrée ! Le résultat sonne alors très différemment, et ce n’est pas ce que vous voulez pour les instruments subtils. Un petit peu de distorsion est encore gérable, mais il faut toujours éviter de faire de la sursaturation. Il y a une exception à cette règle, c’est-à-dire lorsque cette légère distorsion est appréciée. Mais il s’agit alors d’une distorsion de bon goût, comme ce que vous pouvez obtenir avec un ampli guitare ou un micro à lampe. C’est une toute autre histoire, dont nous ne parlerons pas dans cet article. Un enregistrement numérique trop fort engendre une distorsion brutale qui n’est pas souhaitable.
Vert : une onde sinusoïdale pure. Rouge : une onde sinusoïdale saturée et donc indésirable.
Conclusion, utilisez toujours un peu moins de gain !
Il est bon de réaliser que la révolution numérique a en fait été une très bonne chose pour l’industrie de la musique. Par exemple, dans le cas des bandes magnétiques – comme celles qui étaient largement utilisées autrefois – il est hautement souhaitable d’utiliser autant que possible l’ensemble de la plage dynamique. Vous avez alors un niveau de bruit ou noise floor (proportionnellement) aussi faible que possible. Il y a toujours du bruit avec un tel enregistreur. Si vous enregistrez aussi fort que possible (sans saturation bien sûr), il y aura proportionnellement très peu de bruit. Cependant, si vous enregistrez en douceur, il y aura relativement beaucoup de bruit. Heureusement, c’est différent de nos jours. Avec un enregistrement numérique (24 bits), on n’enregistre jamais trop doucement. Donc, une marge de crête d’environ -10 dB (une zone que l’on appelle aussi en pratique « headroom »), qui permet de capturer une crête de 10 dB, ne pose aucun problème. Pour résumer : un peu moins de gain est toujours la solution ici.
Imprimez et collez au mur : « L’ajustement du gain se déroule pendant le mixage et le mastering, pas lors de l’enregistrement ! »
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