Un mineur est un ouvrier qui travaille dans une mine mais ce terme est également utilisé en musique. En effet, une chanson en mineur est souvent considérée comme triste, tandis qu’une chanson en majeur est généralement décrite comme joyeuse. Mais est-ce bien toujours le cas ? Et comment expliquer cette différence ? Sur ce blog, nous vous parlerons en détail des gammes mineures et majeures, pour que puissiez comprendre et peut-être même entendre les différences entre les deux !

Majeur et mineur : entendre et comprendre la différence

Avant-propos

Nous commençons par vous donner des explications très concrètes, puis tout devient très théorique. Par conséquent, pour certains seule la première partie de cet article sera intéressante. Bien évidemment, vous pouvez toujours revenir sur ce blog à un moment ultérieure pour lire la seconde partie qui est plus difficile.

Majeur vs mineur : entendez la différence !

Écoutez le Hallelujah de Georg Friedrich Haendel. C’est une pièce joyeuse, n’est-ce pas ? Puis, écoutez La Jeune Fille et la Mort de Franz Schubert. Ce morceau est assez triste. Mais comment expliquer la différence au niveau de l’ambiance entre ces deux pièces ? Une des raisons est la différence en modes. En effet, le Hallelujah est écrit en majeur, tandis le morceau de Schubert est en mineur. Il n’est pas étonnant que Handel a opté pour le mode majeur, puisque le Hallelujah est consacré à la naissance du Christ, d’où l’ambiance « festive ». Par contre, La Jeune Fille et la Mort est un poème sur la mort que Schubert a mis en musique. Il est donc logique que cette pièce soit composée en mineur. Autre exemple : La Marche nuptiale de Felix Mendelssohn. Utilisée souvent lors de la marche solennelle des mariages, cette pièce est bien évidemment écrite en majeur. Il existe d’ailleurs également des exceptions à la règle, puisque certaines chansons de mariage sont composées en mineur. Bien évidemment, on trouve également des morceaux qui utilisent les deux modes, comme Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss. Ce dernier commence par un accord majeur qui est directement suivi d’un accord mineur, ce qui crée une tension qui force l’attention de l’auditeur.

Comment les modes majeur et mineur influent-ils sur nos sentiments ?

Qu’est-ce qui cause les différences entre le mode majeur et le mode mineur ? Et comment ces modes influent-ils sur nos sentiments ? Tout d’abord, il faut savoir que pour expliquer ce phénomène, la théorie seule ne suffit pas. Toutefois, les harmoniques jouent un rôle important. Mais commençons par parler des notes. En Occident, les compositeurs peuvent utiliser douze notes, mais ils travaillent généralement avec sept tons comme basse. Si la pièce est écrite en majeur, le compositeur utilise une séquence de sept notes spécifique (que l’on la gamme majeure). Par contre, si la pièce est composée en mineur, il travaille avec une différente séquence de notes (la gamme mineur). Les tons de la gamme majeure correspondent mieux aux harmoniques d’un instrument de musique ou de la voix humaine que les tons de la gamme mineure. Mais qu’est-ce que sont les harmoniques ? Imaginez, vous appuyez sur une touche d’un piano ou vous chantez une note. Dans ce cas, vous n’entendrez qu’un seul ton ou du moins, c’est ce que vous pensez. En réalité, d’autres notes peuvent être entendues aussi, à différents niveaux sonores, sans que vous vous en rendiez compte. Ce sont là des harmoniques. Si vous jouez un Do, par exemple, le ton le plus caractéristique (le Mi) de la gamme de Do majeur sera mieux perceptible que le ton le plus caractéristique de la gamme de Do mineur (le Mib). Par conséquent, une gamme majeure donnera un son plus équilibré et plus joyeux. Pour en savoir plus, voir l’image ci-dessous.

Majeur en mineur: het verschil horen en begrijpen
Vous voyez 16 tons ci-dessus : le premier ton est un Do. Les tons suivants sont les quinze harmoniques du Do (ce principe se répète infiniment). Le son « majeur » de la gamme de Do est le ton le plus important, c’est le Mi. Ce dernier apparaît pour la première fois comme harmonique de Do sur le numéro 5, puis sur le 10, tandis que le Mib – caractéristique de la gamme de Do majeur – apparaît pour la première fois sur le numéro 19 (non représenté).

Il y a plus que majeur et mineur !

Il est important de réaliser que le mode (mineur et majeur) n’est qu’un des facteurs qui détermine l’atmosphère générale d’un morceau. En effet, le rythme, le tempo, la dynamique et les instruments utilisés ont également une influence sur l’atmosphère. Ainsi, un morceaux lent et doux est souvent considéré comme triste, tandis qu’un morceau plus rapide et puissant est généralement décrit comme joyeux.

Et puis la théorie

Peut-être que vous comprenez déjà mieux la différence entre mineur et majeur et que vous entendez même la différence. Ci-dessus, nous vous avons déjà parlé un peu de la théorie derrière ces deux modes, mais pour vraiment comprendre les différences nous vous expliquons ci-dessous les bases.

La base de la musique occidentale

Cela vous étonnera peut-être, mais les chansons de la grande majorité des artistes occidentaux reposent sur la même base. En effet, en musique, chaque chanson est enregistrée dans une certaine tonalité. La tonalité dépend de la note qui donne le ton, la tonique, et du mode. En règle (très) générale, on peut dire que la tonique est la note la plus grave qui se trouve à la fin d’un morceau. Ainsi, la tonalité peut être La, Do ou Fa#, par exemple. Quant au mode, il n’y a que deux possibilités : majeur ou mineur. Ainsi, pour trouver la tonalité d’une chanson, il vous suffit de connaître la tonique et le mode, ce qui peut donner La mineur ou Do majeur, par exemple.

Gammes

Les différences entre mineur et majeur sont causées par les intervalles, soit les distances entre les notes. Pour bien comprendre cela, il vous suffit de regarder les touches noires et blanches d’un piano. Si vous regardez bien, vous verrez que le clavier d’un piano est composé de plusieurs séries de douze touches. Chaque touche est séparée de sa voisine par un demi-ton, comme vous pouvez le voir sur l’image ci-dessous. La raison pour laquelle ces tons sont appelés « demi-tons » n’a pas d’importance pour le moment. Les douze demi-tons compris dans une intervalle constituent une octave, du mot latin octavus ou huitième. Pourquoi « huitième » ? Parce que la majorité des morceaux n’utilisent que sept des douze notes disponibles comme base, et la huitième note est identique à la première note. Cet enchaînement de sept notes consécutives constitue ce que l’on appelle une gamme. La première note d’une gamme est la tonique. La nature des notes qui suivent dépend du mode : majeur ou mineur. Nous vous parlerons ci-dessous plus en détail des modes. Notez que certaines compositions utilisent plus que sept notes. Dans ce cas, la gamme n’est qu’une base.

Demi-tons

Première image : les douze notes disponibles. Certaines d’entre elles portent deux noms. La raison n’est pas importante en ce moment. Pour représenter le dièse et le bémol, on utilise respectivement le symbole ♯ et le symbole ♭, ce qui peut donner, par exemple Do♯, Ré♭, Sol♯ et La♭.

Majeur

Une gamme majeure est constituée d’une séquence d’intervalles comprenant tons et demi-tons. Les intervalles (les distances entre les notes) d’une gamme majeure sont :

1 ton 1 ton 1/2 ton 1 ton 1 ton 1 ton 1/2 ton

Prenons l’exemple de la gamme de Do majeur. La tonique de cette gamme est le Do, et il y a un ton entre la première et la deuxième note. Si vous regardez la première image, vous voyez que la distance entre Do et Ré est égale à deux demi-tons, soit un ton au total. La distance entre Ré et Mi correspond également à un ton. Il n’y a seulement qu’un demi-ton entre Mi et Fa. Ci-dessous, vous trouverez tous les intervalles de la gamme de C majeur :

 Do     Ré     Mi      Fa    Sol     La     Si      Do
(  1 ton  1 ton  1/2 ton 1 ton  1 ton  1 ton  1/2 ton )

Si vous voulez en savoir plus à ce sujet, lisez notre blog sur la gamme de Do majeur.

Mineur

À l’image de la gamme majeure, la gamme mineure possède également cinq tons et deux demi-tons, mais les intervalles ne sont pas les mêmes :

1 ton 1/2 ton 1 ton 1 ton 1/2 ton 1 ton 1 ton

Prenons encore de l’exemple de la Do comme tonique et construisons la gamme de Do mineur (Notez que les gammes de Do majeur et de Do mineur sont similaires, puisqu’elles possèdent la même tonique). Si vous regardez l’image ci-dessous, vous voyez qu’il existe quelques différences entre la gamme de Do majeur et la gamme de Do mineur.

 Do     Ré      Mib     Fa     Sol     Lab    Sib     Do
(‌  1 ton  1/2 ton  1 ton  1 ton  1/2 ton  1 ton   1 ton  )

Si vous voulez en savoir plus à ce sujet, lisez notre blog sur la gamme de Do mineur.

Majeur et mineur : entendre et comprendre la différence

Deuxième image : voici la gamme de Do majeur (en haut) et la gamme de Do mineur écrites en solfège. Les lignes verticales permettent d’identifier facilement quelles notes sont identiques.

Tierce majeure vs tierce mineure

La principale différence entre les gammes majeures et mineures se trouve au niveau du deuxième intervalle. Avec une gamme majeure, la distance entre la tonique et la troisième note (Do et Mi, par exemple) est deux tons – c’est ce que l’on appelle une tierce majeure -, tandis que c’est un ton et demi dans le cas d’une gamme mineur – c’est ce que l’on appelle une tierce mineure (Do et Mib, par exemple). Cette différence d’intervalle rend non seulement une mélodie plus joyeuse ou plus triste, mais elle confère également un effet « euphorique » à un accord majeur et un effet « sombre » à un accord mineur. Voilà donc la grande différence entre la gamme mineure et la gamme majeure. Notez que les termes « majeur » et « mineur » viennent de « tierce majeure » et « tierce mineure ». En général, les marquages en majuscule désignent les gammes majeures et en minuscule, les gammes mineures.

Note sensible

Outre la différence entre la tierce majeure et la tierce mineure, il existe une autre différence importante : la note sensible. Dans le cas de la gamme majeure, c’est la septième note : si l’on prend la gamme de Do majeur, c’est le Si. On appelle cette note la sensible parce qu’elle est attirée vers la note suivante. Ainsi, il peut sembler bizarre de jouer la gamme de Do majeur sans jouer le dernier note de Do. Dans dans la gamme mineure, on ne trouve pas cette note sensible. En effet, la septième note d’une gamme mineure (c’est le Si dans le cas de la gamme de Do mineur) incite moins à jouer encore une autre note. Pour combler ce manque, certains compositeurs ont décidé, à un moment donné, d’augmenter d’un demi-ton la septième note. Par cette altération est née la gamme mineure harmonique :

 Do     Ré      Mib     Fa     Sol     Lab       Si     Do   
(‌  1 ton  1/2 ton  1 ton  1 ton  1/2 ton  1,5 ton  1 ton  )

Apprendre à reconnaître la différence entre majeur et mineur

Dans la première vidéo, vous entendez dix accords (chaque accord est joué trois fois). Essayez de deviner à chaque fois si c’est un accord mineur ou bien un accord majeur qui est joué. Vous trouverez les bonnes réponses à la fin de la vidéo. Dans la deuxième vidéo, vous entendez à chaque fois une certaine gamme. Après chaque gamme, la bonne réponse s’affiche. Si vous faites beaucoup ne fautes, ne vous inquiétez pas trop. Tout début est difficile. Pour plus d’informations à ce sujet, il suffit de taper les mots « reconnaître majeur mineur » sur Google.

Majeur vs mineur : voyez la différence !

Pour bien comprendre le prochain paragraphe, il faut avoir plus de connaissances en théorie musicale. Pour vous préparer, vous pouvez lire nos blogs sur la gamme de Do majeur et la gamme de Do mineur.

Certaines notes, comme vous l’avez vu, sont marquées d’un dièse (#) ou d’un bémol (b). Vous trouverez ces symboles également sur les partitions. Pour faciliter la lecture d’une partition, on ajoute des armures constitutives au début. Ainsi, l’armure de la gamme de Do mineur comporte trois bémols à la clef, Sib, Mib et Lab. En conséquence, il faut jouer le Mi comme un Mib, le Si comme un Sib et le La comme un Lab. Seule exception : si l’une de ces notes bémolisées est accompagnée d’un bécarre, il faut les jouer sans altération. Autre exemple : si la tonalité d’un morceau est Do majeur, aucun dièse ni bémol ne se trouve à l’armure.

Armures constitutives et accidentelles

Troisième image : on voit que la même séquence de notes en répétée. La première séquence est accompagnée d’armures constitutives, tandis que la deuxième séquence contient des altérations accidentelles.

Compter des armures et trouver la tonique

Dans la majorité des cas, les armures vous permettent donc d’identifier la tonalité d’un morceau. Comme vous pouvez le voir dans le tableau ci-dessous, il n’existe que deux tonalités qui comportent un seul dièse : Sol majeur et mi mineur. Pour savoir de laquelle il s’agit, il vous suffit de regarder la note la plus grave à la fin. Si il n’y a qu’un dièse à la clé et que la note la plus grave à la fin est un Sol, le morceau a Sol pour tonalité. Si l’on trouve un Mi à la clé, le morceau est en tonalité de mi mineur. Notez qu’il est également possible de vérifier si le dernier accord est un accord majeur. Si c’est bien le cas, la tonalité est Sol majeur. Par contre, si le dernier accord est un accord mineur, la tonalité est mi mineur. Attention : ce n’est pas toujours le cas, puisque certains compositions utilisent plusieurs tonalités (dans ce cas le nombre d’armures change) ou elles finissent par un accord qui ne permet pas ou plus difficilement d’en identifier la tonalité.

Majeur et mineur : entendre et comprendre la différence

Quatrième image : regarder les altérations à la clé pour déterminer (à l’aide de la tonique ou l’accord final) si la pièce est en tonalité majeure ou bien en tonalité mineure.

Gammes grégoriennes

Au Moyen Age, on n’utilisait que des gammes majeures et mineures. Les gammes de cette époque sont appelées des gammes grégoriennes. Ces sept gammes constituent la base des modes majeur et mineur que l’on utilisent aujourd’hui. À l’image de ces derniers, les sept gammes grégoriennes possèdent cinq intervalles et deux demi-intervalles. Les tons et les demi-tons sont différemment situés selon la gamme. Deux des sept gammes sont identiques aux gammes mineure et majeure modernes. Ainsi, la gamme ionienne contient les mêmes intervalles que la gamme majeure et les intervalles de la gamme éolienne sont identiques à celles de la gamme mineure. Aujourd’hui, la majorité des compositeurs n’utilisent que ces deux gammes. Ci-dessous, vous trouverez les sept gammes grégoriennes, au cas où cella pourrait vous intéresser. Les lettres situées à droite vous permettent de découvrir comment ça sonne. Par exemple : si vous voulez jouer la gamme mixolydienne, n’utilisez que des touches blanches d’un piano, à commençant par le Sol. Il en va de même pour les autres gammes : partez de la lettre indiquée et n’utilisez que les touches blanches. Bien évidemment, vous pouvez partez d’une note différente, mais cela compliquera les choses. En effet, il faut tenir compte des altérations et jouer aussi sur les touches noires.

Gammes grégoriennes

Nous espérons que ce blog vous permettra de mieux comprendre les différences entre majeur et mineur. Si vous avez la moindre question, n’hésitez pas à la poser dans les commentaires ou les remarques !

Voir également

» La gamme de Do majeur (C)
» La gamme de Do mineur
» Apprendre à lire la musique : rythme, tempo et signature rythmique
» Accords : théorie et notation des accords

16 réactions
  1. Caroline dit :

    J’ai lu, j’ai enfin entendu, j’ai enfin compris. Milles merci.

  2. Lantiez dit :

    Bonjour et merci pour cette synthèse des modes majeurs et mineurs. Toutefois, je me permets de préciser que dans le chapitre « Mineur » il y a 1 ton entre le sib et le do et non pas 1/2 ton et dans le chapitre « note sensible », entre le si et le do il y a 1/2 ton et non pas 1 ton…mais je pense que c’est des coquilles du secrétaire de rédaction, c’est pas bien grave !

  3. Louis Brunet dit :

    Sous la rubrique Note sensible, il y a une erreur sur la dernière ligne: entre si et do, il faudrait lire, comme intervalle, un demi-ton (et non: un ton).

  4. Oihan.lcx dit :

    Bonjour,
    Merci pour cette excellente explication de vos connaissances sur le sujet.
    Étant jeune trompettiste, vous m’avez bien aidé à éclaircir certaines notions un peu confuses pour ma part, encore merci !

  5. BELRHITI ALAOUI Mustafa dit :

    Fort intéressant merci

  6. Françoise dit :

    Merci beaucoup. C est vraiment très clair. Néanmoins j ai encore quelques difficultés à appréhender la notion d harmonique. Je vais relire et tenter de comprendre votre paragraphe…

  7. MARLIAC dit :

    Voilà ce que j’appelle une explication CLAIRE et NETTE !! Beaucoup de professeurs de musique devraient s’inspirer d’une telle pédagogie !

  8. quadratio dit :

    Merci pour le partage de connaissance

  9. Mustafa dit :

    Merci pour vos cours et cela m’a vraiment aidé !

  10. APEDO KOMI AMEN dit :

    Merci pour le cours. C’est vraiment complexe et exactement ce que je cherche

  11. Emmanuel dit :

    Merci!

  12. Anne dit :

    Bonjour,
    je crois qu’il existe un terme définissant le dernier accord final en tonalité majeure, alors que le morceau est écrit en mineur. Pouvez vous me renseigner?

  13. Cléa dit :

    Merci pour cet article très clair et très développé !

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