L’orgue Hammond : un vrai classique
Publié le mardi 12 mai 2020
Les orgues Hammond, aussi bien les modèles numériques que les modèles vintage, sont de retour dans la pop et le rock. De plus, ces instruments sont couramment utilisés dans le jazz et le blues, et ce depuis des décennies. Mais qu’est-ce qui rend l’orgue Hammond si spécial ? Et pourquoi traîner un Hammond et ses 100 kg à un concert ? Lisez la suite pour tout savoir sur cet instrument légendaire.
- Tous les styles de musique
- Générateur de roues phoniques
- Son vif et musical
- La cabine Leslie
- Un vrai instrument
- La différence avec un piano
- Faire le chanter
- Orgue d’église ou bête de scène
- Bon à savoir
- Keyclick, leakage, etc.
- Colorer le son avec les tirettes
- Foldback ou pas
- Organistes connus jouant sur un Hammond
- Les modèles les plus connus
- Réparation d’un Hammond
- Imitation des roues phoniques
- En savoir plus
- Voir également
Tous les styles de musique
L’orgue Hammond est à l’aise dans n’importe quel musique. Ainsi, il peut être utilisé pour jouer des morceaux très subtils, mais aussi pour avoir un son très fort et particulier dans le rock et le blues, par exemple. De plus, cet instrument est parfait pour créer des paysages sonores dans la pop. Le son du Hammond est également fabuleux pour le jazz. Toutefois, beaucoup de personnes l’associent surtout avec la musique d’orgue électronique un peu kitsch des années 70. Cette période n’a pas eu d’impact positif sur l’image de l’orgue Hammond. Heureusement, il semble aujourd’hui revenir en grâce. Dans le monde du jazz et du blues, cet instrument est une valeur sûre depuis longtemps. Par contre, dans la musique pop et le rock, il a été déplacé par les synthétiseurs dans les années 80 et 90. Au début du 21e siècle, il a fait son retour dans ces genres musicaux. Aujourd’hui, certains artistes optent pour un instrument permettant d’imiter le son du Hammond, mais il y a également beaucoup de musiciens qui choisissent un vrai orgue à roue phonique Hammond. C’est souvent un Hammond B3 couplé à une cabine Leslie, comme une Leslie 122 ou une Leslie 147, par exemple. Mais pour obtenir le son caractéristique de cet instrument, vous n’avez pas forcément besoin d’un orgue physique. Mais qu’est-ce qui rend l’orgue à roues phoniques Hammond si spécial au niveau technique et musicale ?
Générateur de roues phoniques
L’orgue à roues phoniques Hammond se distingue notamment par son générateur sonore. Il a été inventé par Laurens Hammond (1895-1973). Cet ingénieur et inventeur américain a déposé pas moins de 110 brevets au cours de sa vie. Parmi ses nombreux brevets, il a inventé notamment les lunettes 3D et le moteur synchrone qui cale sa vitesse de rotation sur la fréquence du courant (50 Hz en Europe, 60 Hz aux États-Unis). Parce que cette fréquence reste stable, le moteur tourne avec une grande précision. Laurens Hammond a utilisé ce moteur pour faire tourner les horloges électriques. L’invention du moteur synchrone l’a inspiré aussi à développer un orgue électrique pour remplacer les orgues à tuyaux coûteux utilisés dans les églises. Il a conçu un orgue basé sur un générateur de sons révolutionnaire. Celui-ci est constitué d’un moteur synchrone. Un premier brevet a été déposé en 1924. Le générateur de roues phoniques est le composant le plus important de l’orgue Hammond. Selon le modèle, il dispose de 12 ou de 96 roues phoniques. Ces dernières sont basées sur une onde sinusoïdale. Plus le son généré est aigu, plus le nombre d’ondes sur la roue phonique est important. Toutes les roues phoniques se trouvent sur un axe pivotant et tournent devant un aimant générant un champ magnétique.
Hammond A-100 – Photo (recadrée): Hammond A-100 inside, par Brandon Daniel, licence CC BY-SA 2.0
Son vif et musical
La variation du champ magnétique induit un petit courant alternatif à une fréquence particulière, ce qui représente un signal similaire à une onde sinusoïdale. Ce courant est filtré et amplifié pour être transformé en un son de forme sinusoïdale avec une sorte de sifflement. Le son de base est relativement mat, mais vous pouvez varier le timbre en ajoutant des harmoniques. Ces dernières peuvent être créées en combinant le son de différentes roues phoniques. Le timbre peut être réglé en utilisant des tirettes (voir aussi le paragraphe sur ce sujet). Depuis le Générateur de roues phoniques, le son est envoyé vers un circuit électronique avec des lampes qui est en grande partie responsable du son typique de l’orgue Hammond. Notez que Laurens Hammond a dû faire des compromis au niveau technique, avec pour conséquence que ses orgues présentent toutes sortes d’imperfections. Mais ce sont ces imperfections qui en font un instrument si intéressant offrant un son vif et musical. Pour en savoir plus sur ce sujet, lisez le paragraphe, Keyclick, Leakage, etc.
La cabine Leslie
Laurens Hammond a conçu son orgue pour une utilisation à la maison et dans les églises. Toutefois, avec le temps, cet instrument a également été utilisé pour d’autres application, ceci grâce à Don Leslie, l’inventeur de la cabine Leslie. Pour beaucoup d’amateurs de la marque Hammond, un orgue Hammond n’est rien sans une cabine Leslie. Cette dernière fait « tourner le son ». Les célèbres modèles Leslie 122 et 147 utilisent un pavillon rotatif pour les aigus et un tambour rotatif pour les graves. Le mouvement rotatif donne un vibrato naturel. En fait, la cabine génère un effet Doppler, ce qui donne un son qui semblent changer de fréquence. Le scientifique autrichien Doppler a découvert que le son d’un objet est plus aigu lorsqu’il s’approche et plus grave lorsqu’il s’éloigne. Ainsi, si une ambulance se rapproche puis s’éloigne, le son perçu est modifié, passant de l’aigu au grave. En outre, une cabine rend le son d’orgue Hammond plus spatial. Avec cette cabine, vous pouvez créer facilement des paysages sonores sur un Hammond, peu importe le style de musique que vous jouez. Il est d’ailleurs possible de faire saturer une cabine Leslie avec certains niveaux de volume pour avoir un son de lampes. La cabine Leslie offre deux vitesses de rotation offrant chacune un caractère sonore différent : « chorale » (lent) et « tremolo » (rapide). Il lui faut quelques secondes pour passer d’une vitesse à l’autre. Ce passage peut être utilisé pour renforcer le côté dramatique d’un pont musical. Si vous utilisez l’orgue Hammond avec une cabine Leslie, il peut très bien être utilisé dans la pop, le rock, le jazz ou encore le blues. Dans le jazz, on utilise parfois une cabine Leslie sans l’effet rotatif. Laurens Hammond n’a pas aimé la cabine Leslie au début mais avec le temps il l’a appréciée plus.
L’intérieur de la célèbre cabine Leslie. Vous pouvez voir le pavillon rotatif pour les aigus et le tambour rotatif pour les graves. Image : Leslie speaker (mechanical diagram), par R.P / Ecelan, licence CC BY-SA 2.5
Switch Hammond en demi-lune (appelé « half moon switch » en anglais) permettant de contrôler la vitesse de rotation sur une cabine Leslie. Il s’agit d’un Hammond M3. Photo (recadrée) : Half-Moon Switch, par CJ Sorg, licence CC BY-SA 2.0
Un vrai instrument
Assez parlé de la technique. Passons maintenant au son de l’orgue Hammond. Bien que le son soit généré de manière électrique, le son offert ressemble à celui d’un instrument acoustique. « C’est un vrai instrument. Tout comme la guitare électrique » dit Leon Kuipers, claviériste et spécialiste de l’orgue Hammond. « Ce n’est pas un instrument d’imitation, comme c’est le cas d’un orgue électrique et d’un clavier arrangeur. Ce sont là des instrument qui simulent les sons d’autres instruments. Un Hammond, lui, c’est un instrument à part entière. Avec un son authentique, à l’image d’un piano acoustique, d’un piano Fender ou d’un piano Wurlitzer. Un bon organiste sait jouer avec une grande force d’expression, bien qu’un Hammond n’est pas sensible à la vélocité comme un piano. Vous pouvez faire d’un Hammond un instrument très expressif, grâce à sa manière de jouer, à l’utilisation d’une pédale de volume et à la variation du timbre à l’aide des tirettes et du switch de la cabine Leslie. Jouer sur un Hammond peut procurer un plaisir sans pareil.
La différence avec un piano
On dit souvent que si l’on sait jouer au piano, on sait également jouer sur un Hammond. D’après Kuipers, ce n’est pas vrai. « Les sensations et la technique de jeu sont différentes. Il y a de grandes différences entre jouer sur un piano et jouer sur un Hammond. L’expressivité de jeu sur un piano vient surtout du toucher. Après avoir joué une ou plusieurs notes sur un piano, vous ne pouvez pas vraiment changer le son, sauf avec votre pédale de sustain. Bref, lorsque vous jouez sur un piano, vous ne pouvez pas « retravailler » les son. Et ce n’est pas le cas avec un Hammond, dit Kuipers. La coloration musical commence après avoir appuyé sur les touches. C’est alors que vous allez utiliser votre pédale de volume, vos tirettes et le switch de la Leslie. C’est une différence fondamentale avec le piano. Et ça demande un jeu complètement différent. Une autre différence est que les notes s’étouffent rapidement sur un piano. Sur un Hammond, on peut tenir les notes indéfiniment. Ainsi, il peut être une bonne idée de terni une certaine note aiguë très longtemps et de jouer en même temps d’autres notes. Ce n’est pas possible avec un piano. Sur un piano il faut « travailler » pour jouer une note. C’est moins le cas sur un Hammond, dit Kuipers. De plus, tirer un bon son d’un Hammond demande moins d’effort. Ainsi, on peut plus facilement donner du « corps » au son avec un Hammond qu’avec un piano. On entend immédiatement si un pianiste joue sur un Hammond, puisqu’il jouera trop de notes. J’ai un enregistrement de Ray Charles, qui est un très bon pianiste, où l’on l’entend jouer sur un Hammond, mais le résultat n’est pas bon, puisqu’il le joue comme un pianiste.
La pédale pour régler le volume, sur un Hammond B3. Photo (recadrée) : Hammond C2 25-note pedalboards & expression pedal, par eyeliam, licence CC BY 2.0
Faire le chanter
Quel instrument est le plus difficile à jouer, un piano ou un Hammond ? C’est impossible à dire, dit Léon. Sur un piano, il faut travailler plus dur que sur un Hammond. Mais un Hammond demande une plus grande créativité musicale. Avec un Hammond, on passe plus de temps à colorer le son. Et avec cet instrument, on risque de jouer trop de notes. Au niveau musical, le Hammond et le piano sont des instruments très différents. Le Hammond ressemble plus aux instruments qui vous permettent de faire de longues notes. On peut créer des paysages sonores avec un Hammond. De plus, on peut passer d’un son très grave à un son très aigu sur un Hammond. On peut le faire chanter, ce qui n’est pas possible avec un piano. Il est parfaitement possible de combiner un piano avec un Hammond sur scène ou en studio. En fait, le Hammond peut être combiné avec n’importe quel instrument.
Pour démarrer un Hammond, il existe une procédure spéciale avec deux switches. Photo (recadrée) : START-RUN Schalter einer Hammond B-3, by MePaJa, licence CC BY-SA 4.0
Orgue d’église ou bête de scène
Hammond a arrêté la production de ses orgues à roues phoniques depuis longtemps. En 1974, le tout dernier Hammond B3 a quitté l’usine. À cette époque-là, Hammond proposait également des orgues électroniques pour entrer en concurrence avec d’autres fabricants d’orgues, mais cela n’a pas duré longtemps. En 1986, Hammond a fait faillite (Laurens Hammond était déjà décédé à cette époque). L’année d’après, le constructeur japonais de motos et d’automobiles Suzuki a acheté la marque Hammond. Dès lors, la marque est connue sous le nom de Hammond-Suzuki. Elle offre des orgues basés sur des technologies numériques, puisqu’il est aujourd’hui devenu trop coûteux de fabriquer des orgues à roues phoniques comme faisait Hammond autrefois.Ces derniers étaient d’ailleurs particulièrement lourds. Heureusement, les modèles numériques d’aujourd’hui sont plus légers, mais pour certains musiciens ces derniers ne sont pas comparables aux vrais orgues à roues phoniques. Mais tout dépend de vos préférences personnelles. Jamais dans ses rêves les plus fous, Laurens Hammond avait pu imaginer que son orgue d’église de 1934 deviendraient une vraie bête de scène qui reste populaire même dans le 21e siècle.
On reconnaît un Hammond B3 à ce bord particulier. Photo (recadrée) : Hammond B3 Organ at Recording Studios, par JacoTen, licence CC BY-SA 3.0
Bon à savoir
Keyclick, leakage, etc.
Le son d’un orgue Hammond est déterminé par certaines technologies spéciales et imperfections. Il existe de nombreux livres et articles sur ce sujet. Nous vous parlerons ci-dessous des technologies les plus importantes :
- Le son d’un Hammond est généré de manière électromagnétique par un générateur de roues phoniques (voir l’article). Ce dernier joue un rôle important dans le son. Le signal sinusoïdale situé à la fin du circuit est plus qu’une onde sinusoïdale, ce qui rend le son plus intéressant.
- Chaque roue phonique (un Hammond B3 a en 91) a une phase particulière et n’est pas synchronisée aux autres roues. En résulte un son plus vif qu’avec un clavier arrangeur, par exemple, dont les notes sont toutes dans la même phase.
- Les orgues comme le Hammond B3 et beaucoup de modèles de cabine Leslie sont équipés de lampes, ce qui permet d’avoir un son légèrement saturé, surtout avec une cabine Leslie.
- Dans la majorité des orgues à roues phoniques Hammond, on trouve un scanner électromagnétique qui génère un son de vibrato profond et naturel. Pour avoir un effet encore meilleur, il suffit de mettre le switch de vibrato en mode chorus. Dans ce cas, le son de vibrato est mélangé avec le son « normal » de l’orgue.
- Une roue phonique peut uniquement être associée à des ondes pleines. Et sur les roues dentées qui actionnent les roues phoniques, on peut uniquement mettre des dents pleins. Il est impossible de mettre des demi-ondes ou des demi-dents. À cause de cette limitation, il est impossible d’avoir la tonalité correcte pour chaque note, à l’image d’un piano. Le La est bien à la hauteur correcte (440 Hz), mais la plupart des notes sont légèrement décalées. En résulte un « pitch » hors du commun qui rend le son d’un orgue Hammond plus intéressant.
- La pression d’une touche sur un Hammond B3 ou un modèle similaire donne un « Key-Click », soit un clic de touche. Longtemps considéré comme un défaut, ce contact électrique des touches est devenu une caractéristique essentielle des orgues Hammond tant recherché par les jazzmen.
- Avec l’usure du circuit électronique d’un Hammond, certaines roues phoniques qui ne sont pas sollicitées lors du jeu peuvent sonner quand-même. Ce phénomène, initialement considéré comme indésirable et appelé « leakage » (fuite), permet d’obtenir un son bien gras. Parce que l’effet de fuite est différent sur chaque orgue Hammond, ils délivrent tous un son différent.
Le bouton vibrato/chorus – Photo (recadrée) : Hammond C3 presets, SJSF 2012, par Clusternote / Henry Zbyszynski, licence CC BY 2.0
Colorer le son avec les tirettes
Le son provenant d’une seule roue phonique est dépourvu d’harmoniques. Vous pouvez colorer ce son en ajoutant harmoniques naturelles, que l’on entend également avec les instruments acoustiques. Vous pouvez colorer le son avec les tirettes (appelées « drawbars » en anglais). La majorité des orgues Hammond possèdent neuf tirettes par clavier. La tirette offrant le son le plus bas est la tirette 16 pieds (marquée « 16′ »). L’unité « pieds » réfère ici à la longueur d’une tirette sur un orgue à tirettes. Plus la tirette est longue, plus le son sera grave. En retirant les tirettes, un musicien peut ajouter des harmoniques (une octave, une quinte ou une tierce) à la tirette la plus petite sélectionnée. Plus la tirette est retirée, plus sa sonorité sera forte. La note fondamentale vient de la tirette de 8 pieds. La tirette de 4 pieds est une octave plus haut, celle de 2 pouces est deux octaves plus haut, et celle de 1 pouce est trois octaves plus haut que la tirette de 8 pouces. La tirette de 16 pouces est une octave plus bas que celle de 8 pouces. Entre les deux se trouvent les harmoniques cassées. La tirette de 51/3 pouces, elle, est une quinte juste plus haut que celle de 8 pouces. La tirette de 22/3 pouces est une quinte juste plus haut que celle de 4 pouces. Et la tirette de 11/3 pouces est une quinte juste plus haut que celle de 2 pouces. N’oublions pas non plus de mentionner la tirette de 13/5 pouces. Celle-ci est une tierce majeure plus haut que la tirette de 2 pouces. Notez que les tirettes ne sont pas crantées, ce qui permet d’avoir des combinaisons sonores quasi-infinies. De plus, il vous est également possible d’ajouter des effets, comme 2nd percussion, 3d percussion, vibrato, chorus, etc.
Foldback ou pas
Dans le paragraphe sur les différents modèles de Hammond, on peut lire que les modèles « console » disposent d’une fonction « fold back », tandis que les modèles « spinet » ne possède pas cette fonction. Mais qu’est-ce que c’est le fold back ? Plus un son est aigu, plus la partie biseautée de la roue phonique est fine. Mais il y a bien sûr des limites. La note la plus aiguë est un fa# aigu avec une tirette de 1 pied. Que faire pour les touches plus aiguës ? Pour palier à ce problème, Lauren Hammond a inventé la caractéristique « fold back ». Pour jouer le sol qui suit au fa# aigu, l’orgue prend la tirette de 1 pied mais à une octave plus bas. Ainsi, l’orgue vous permet de jouer un son aigu dans la partie supérieure. Avec un orgue de modèle « console », vous entendez la tirette de 1 pouces même après le fa# aigu. Avec un orgue de modèle « spinet », le fa# aigu est la note le plus aiguë, parce qu’il n’est pas muni de fonction fold back, ce qui est considéré comme une lacune par certains. Notez que la fonction fold back est également utilisée pour les notes graves.
Organistes connus jouant sur un Hammond
Quels sont les organistes connus qui ont beaucoup joué sur un Hammond ? Nous en présenterons ici les principaux.
Jimmy Smith (1928-2005), l’un des meilleurs organistes du monde, est celui qui a popularisé l’orgue Hammond dans un contexte jazz. Ayant débuté dans les années 60, Smith avait un style de jeu qui correspondait parfaitement à la musique jazz de cette époque. Cet organiste américain utilisait beaucoup moins les tirettes que ses précurseurs, sauf les trois tirettes les plus basses et la fonction 3d percussion. Si vous choisissez le paramètre « jazzorgan » sur un clavier, on entend généralement un son basé sur celui de Jimmy Smith.
Jimmy McGriff (1936-2008), un organiste américain orienté jazz et blues, était le premier à faire « parler » son orgue Hammond. Ce dernier est devenu l’extension de sa voix et il avait un jeu très expressif.
Rhoda Scott (1938) est un organiste de jazz qui va encore plus loin et ajoute plus d’harmoniques au son.
Roy Phillips (1943) était l’organiste et le chanteur du groupe The Pedllers. Phillips est connu pour son jeu bien « bluesy », son timbre et ses paysages sonores créés avec le clavier inférieur.
Billy Preston (1946-2006) était un organiste orienté jazz, blues et pop capable de jouer sur le Hammond comme personne. Il a notamment joué de l’orgue Hammond sur Let it Be des Beatles.
Booker T. Jones (1944) est un organiste américain qui a introduit l’orgue Hammond dans la soul avec son groupe Booker T. & The MG’s dans les années 60. Ainsi, il a ouvert la voie vers la pop et le rock.
Matthew Fisher (1946) était l’organiste du groupe Procol Harum qui a obtenu un hit monstrueux avec A Whiter Shade Of Pale en 1967. Son style de jeu à l’orgue Hammond sur cette chanson a souvent été copié, notamment par Crowded House.
Keith Emerson (1944) était le claviériste du groupe Emerson, Lake & Palmer, qui a fait fureur dans les années 70. L’orgue Hammond prend une place prépondérante dans la musique de ce groupe rock progressif.
John Lord (1941) était le claviériste du groupe britannique Deep Purple qui a marqué l’histoire du rock avec Child in Time. Si Lord n’avait pas utilisé un Hammond pour jouer l’intro de cette chanson, le résultat aurait été très différent.
Les modèles les plus connus
Il existe de nombreux modèles d’orgue Hammond différents. En effet, la marque n’a pas uniquement fabriqué des orgues à roues phoniques, mais également des orgues électroniques « traditionnels ». Nous parlerons ici des orgues à roues phoniques les plus couramment utilisés et d’un orgue électronique Hammond.
Le Hammond B3 est l’orgue à roues phoniques le plus emblématique. Produit entre 1954 et 1974, le B3 est régulièrement utilisé sur de grandes scènes. On peut le reconnaître à ses pieds en bois tournés.
Sur le plan technique, le A100 (voir ci-dessous) et le C3 d’un côté et le B3 de l’autre sont presque identiques. Par conséquent, ces orgues produisent un son similaire. Toutefois, chaque B3 est unique. Le B3, le C3 et le A100 possèdent les mêmes types de clavier et les mêmes contrôles. Le A100 dispose d’un boîtier fermé et de hauteur-parleurs internes (il est bien muni d’une connexion pour une cabine Leslie) et le C3 possède un boîtier d’orgue d’église (c’était pour cela qu’il était conçu).
Le B3, le C3 et le A100 sont des modèles de type « console ». Relativement grands, ces orgues possèdent deux claviers de cinq octaves. Il existe également des orgues à roues phoniques plus petits, que l’on appelle des modèles « spinet ». Ceux-ci sont en premier lieu conçus pour une utilisation à la maison. Ils sont équipés de deux claviers de trois octaves et demie de style cascade, ce qui vous permet de jouer sur cinq octaves (voir les images). Notez que les orgues de type spinet ne disposent pas de fonction fold back (voir le paragraphe consacré à ce sujet). Ces modèles offrent un caractère sonore différent, mais ils conservent le son vif caractéristique d’un orgue à roues phoniques.
Les modèles spinet ci-dessous sont encore aujourd’hui utilisés par certains groupes :
Le M3 (fabriqué entre 1955 et 1964) est parfois appelé le « mini-B3 », en raison de son caractère sonore, de son boîtier et de sa technique. Cet orgue reprend l’essentiel des caractéristiques du B3, telles qu’un scanner électromagnétique générant un son de vibrato et des sonorités de percussion. Il ne possède pas de fonction fold back, mais il est plus léger qu’un B3, ce qui vous permet de le transporter plus facilement.
Le M100 (fabriqué entre 1961 et 1968) est utilisé notamment sur A Whiter Shade of Pale de Procol Harum. Cet orgue ne ressemble pas au B3, mais il possède bien un scanner vibrato.
Le L100 (fabriqué entre 1961 et 1964) est un modèle couramment utilisé dans la musique pop. Ainsi, la grande majorité des orgues Hammond joués sur des chansons des années 60 et 70 sont des L100. Notez qu’il existe également une version portable du L100 : le Porta-B. Le prix du L100 sur le marché de l’occasion est généralement relativement doux.
Bien que le X5 ne soit pas un orgue à roues phoniques, il produit un son très agréable. Il est couramment utilisé avec la Leslie 760 (une cabine Leslie à transistor). Sachez que le X5 dispose bien d’une fonction fold back.
Réparation d’un Hammond
Les orgues à roues phoniques Hammond sont quasiment indestructibles. Autrement dit, ils peuvent presque toujours être réparés. Ainsi, on voit encore des exemplaires sur scène qui sont utilisés intensivement depuis plus de 50 ans. Quant à l’entretien, vous pouvez faire vous-même certains travaux, comme l’huilage du générateur de votre Hammond, par exemple, ce qui devrait être effectué une fois par an. Notez que l’huile Hammond est toujours disponible. Pour des travaux plus complexes, il vaut mieux passer chez un spécialiste.
Clones des roues phoniques
Les orgues à roues phoniques sont encombrants et lourds. De plus, acheter un B3 et une Leslie 147, par exemple, est un investissement assez massif. Voilà pourquoi beaucoup de fabrications proposent des alternatives plus abordables – aussi bien des orgues physiques que des orgues virtuels – qui reproduisent le plus fidèlement possible le son d’un orgue à roues phoniques Hammond couplé à une cabine Leslie. Ces simulations d’orgue Hammond sont de mieux en mieux et se rapprochent de plus en plus de l’original. Bien évidemment, c’est une question de goût quels sons de Hammond vous préférez. Notez que le son d’une cabine Leslie est plus difficile à imiter que celui d’un orgue Hammond. La majorité des groupes orientés blues ou jazz préfèrent utiliser un vrai orgue à roues phoniques Hammond accompagné d’une cabine Leslie en raison de sa sonorité et de son look. Vous trouverez ci-dessous les modèles numériques les plus couramment utilisés. Instruments à touches : Hammond-Suzuki New B3, Hammond-Suzuki XK-1, Hammond Suzuki XK-3c, Roland VK-8, Nord C2, KeyB organ. Modules : Hammond-Suzuki XM-2, Roland VK-8m. Logiciels : Native Instruments B4 II, Linplug Organ 3, Genuine Soundware VB3. La marque américaine Motion Sound offre des cabines équipées de haut-parleurs rotatifs qui sont beaucoup plus légères que les cabines Leslie d’origine. Hammond-Suzuki propose un modèle similaire : la cabine Leslie 3300.
En savoir plus
Vous voulez en savoir plus sur les orgues Hammond ? Il vous suffit d’aller sur Internet pour retrouver de nombreuses informations sur cet instrument. Si vous préférez lire un livre sur le Hammond, nous vous recommandons d’opter pour The Hammond Organ – Beauty in the B écrit par l’auteur américain Mark Vail. Dans le cas où vous êtes à la recherche d’un bon livre de musique (avec cd) consacré au jeu de l’orgue Hammond, nous vous conseillons d’opter pour Hammond Organ Complete de Dave Limina. Notez que la grande majorité des écoles de musique ne proposent pas de cours d’orgue Hammond. Heureusement, il existe des professeurs particuliers qui sont spécialisés en orgue Hammond.
Voir également
» Orgues numériques Hammond
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Excellent historique, manque qq noms de réparateurs Hammond en France (Il y en a encore et même des bons) dont un Auvergne !